III. Et si c’était aussi simple que ça …

 
 
Il est 7h, elle s’est levée très tôt pour aller acheter des pains au chocolat au village avec la voiture de son père. Elle se retrouve devant le portail de la ferme comme hier mais tous les volets sont fermés.
– aïe, est-ce qu’il dort encore ? je pensais qu’un fermier ça se levait au moins à 5h tous les matins
Elle pénètre dans la cour, s’approche de la maison et se décide à frapper à la porte
– tiens bonjour Anny, entre, tu veux une tasse de café ?
– Salut, je t’ai réveillé ?
– Non, j’étais dans mon bureau derrière à faire de la compta. Tu sais une ferme c’est une véritable entreprise Eh, tu nous as apporté le petit déjeuner, bonne idée, ça fait une éternité que je n’ai pas mangé de pains au chocolat.
Il la fait pénétrer dans le salon, elle observe la pièce : un canapé et des fauteuils moelleux, une étagère remplie de bouquins … oups, toute la collection des BD de Manara, elle adore. Elle se sent bien ici. Un feu crépite dans la cheminée. Robert rapporte la cafetière et 2 tasses sur un plateau en bois. Il dépose le tout sur une petite table et rapproche deux fauteuils près du feu.
– C’est chaud chez toi, on s’y sent bien. Il y avait une femme ici avant pour que ta maison soit aussi confortable ? Je n’ai encore jamais vu une maison de mec comme ça. D’habitude c’est toujours un gros bordel partout, froid, sans vie …
– Comme quoi, il ne faut jamais faire de généralités non ?
– Robert, je voulais te dire … je suis désolée pour hier … je sais que j’ai été désagréable, je n’ai fait que causer, raconter n’importe quoi mais, mais …
Elle baisse les yeux, hésitant à dire la suite. Elle se sent idiote, petite devant ce grand gaillard qui attend sans dire un mot en la fixant de ses grands yeux marrons, elle a peur qu’il la rejette, qu’il la trouve ridicule, qu’il ait l’impression qu’elle est faible et insignifiante.
– mais c’est parce qu’en fait je me sentais un peu gênée. J’étais heureuse de te revoir et en même temps comme je ne savais pas si ce serait la même chose pour toi, j’essayais de cacher ma peur, les silences, en parlant, en parlant en parlant. C’est con n’est-ce pas ? Hier soir je suis allée faire un tour sur un blog, celui d’une dame dont le pseudo est mamie-gateau, et j’y ai recopié un texte qui m’a vraiment émue pour le partager avec toi ce matin, est-ce que tu veux bien que je te le lises ?
Robert toujours aussi silencieux, acquièce seulement d’un signe de tête. Il se sent heureux parce qu’il a l’impression qu’il est en train de retrouver celle qui l’a accompagné en rêve pendant tous ces mois.
 

Aide-moi derriere mon masque….
je te donne l’impression que je suis forte
que tout est ensoleillé en moi,
à l’intérieur comme à l’extérieur.
Que confiance est mon nom
et que calme est mon surnom.
 
Regarde-moi tout semble aller;
je fais un visage sévere ou je ris tout le temps
mais sous mon vrai masque
toujours changeant qui me cache,
là est mon vrai moi,apeuré et seul,
mais je le cache depuis si longtemps.
 
J’ai peur que tu vois que je ne suis
qu’une petite enfant blessée sous ma carapace.
Une petite enfant qui a refoulé ses
larmes depuis si longtemps.
J’ai peur que tu le voies et me rejettes.
Alors je joue mon jeu de semblant,
je me durcis,je fais des farces,
je joue mon jeu de théatre
avec mon décor de femme forte,
mon décor extérieur de sécurité.
Et pourtant à l’intérieur ,je tremble,
je tremble comme une enfant fragile.
 
C’est pour cela que je m’amuse
a te parler de n’importe quoi.
Je te dis des riens et je parle de tout,
sauf de ce qui crie en moi.
Je te parle de tout sauf de mon coeur,
sauf de ma blessure qui saigne,
mais je t’en supplie ne te laisse pas
tromper par mon attitude froide ou
fermée ou trop superficielle.
 
Alors je t’en supplie…..
Approche-toi tout doucement,
il faut que tu m’aides.
Ecoutes ce que je ne dis pas
et aime moi derriere mon masque.
Peut-être que par ton amour
inconditionnel qui capte au-dela
des apparences et des mots,
j’apprendrai à aimer la
personne que je suis!!!

 
 
Lorsqu’Anny termine sa lecture, un grand silence s’installe. Elle essaie de capter dans les yeux de Robert ce que ce texte a pu évoquer en lui mais il garde son regard tourné vers les flammes. Le silence lui pèse, elle se sent nue comme dans ces rêves qu’elle fait parfois et desquels elle se réveille mal à l’aise : elle se retrouve seule, sans vêtements dans des endroits remplis de monde et elle essaie de cacher son corps de ses mains, elle court, elle court pour trouver un endroit où elle pourrait se terrer …
– Je sais ce que tu veux me dire, je le ressens aussi parfois. Ce texte est magnifique et la femme qui l’a écrit doit être vraiment belle. Que celui qui est toujours lui-même à chaque instant, qui ne se cache jamais, qui n’a jamais peur du regard de l’autre, qui n’est jamais dans le compromis lui jette la première pierre. En tout cas ce ne sera pas moi. Je me dis souvent aussi que j’aimerais trouver une compagne qui saurait capter au delà des apparences. Tu crois que c’est possible ?
– et toi sais-tu le faire ?
– Je ne sais pas, je te dirai non puisqu’hier lorsque tu es passée je me suis senti profondément déçu par ton attitude. Je pensais que c’était naturel chez toi mais j’aurais dû savoir que dans le fond, tu jouais un jeu. En même temps on parle de tout ça ce matin, c’est donc qu’on est capable d’aller au delà quand même non ?
– Merci Robert de m’avoir ouvert ta porte aujourd’hui, si tu savais comme je me sens heureuse. Ah, quelle belle journée. Bon … et si on les mangeait ces pains au chocolat ! Dis-moi … est-ce qu’éventuellement tu aurais un peu de miel ????!!!
 
A suivre …
 
– Béatrice –
 
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6 commentaires pour III. Et si c’était aussi simple que ça …

  1. mamie-gateau dit :

     la personne qui a soulevée un peu son masque,juste quelques instants,n\’est pas très belle,n\’est pas tres gentille,n\’est pas très intelligente,c\’est une femme comme tout le monde,ni un peu plus,ni un peu moins.
     Elle aime la vie,elle aime les gens,elle a juste un peu de mal à leur montrer.
    Alors elle écrit sur son ordi un peu tout ce qui lui passe par la tête,c\’est quelque fois pas mal,quelque fois nul,mais bon elle aime bien.Et puis entre nous un ordi c\’est pas contrariant,il est obligé de supporter sa prose de toute façon alors!!!!!!

  2. Peuple voyageur dit :

    Mamie-gateau, je trouve que la femme qui a écrit ce texte est belle parce qu\’à travers ce texte, j\’avais le sentiment qu\’elle laissait son coeur parler, et ça c\’est tout simplement de la pure beauté. D\’après moi, dès qu\’on ose laisser parler son coeur, on devient un être magnifique
    Béatrice

  3. Unknown dit :

    L\’apparence physique, on s\’en fout.
    Il suffit de regarder dans la rue, il y en a beaucoup des filles ou des gars qui sont vraiment beaux ? Et puis, un beau gars pour moi ne l\’est pas obligatoirement pour les autres.
    Ras-le-bol de la dictature de la beauté.
    Ce qui est beau, c\’est ton texte Mamie-gateau.

  4. Unknown dit :

     
    Bravo Mamie-gateau !…Félicitations !

  5. mamie-gateau dit :

     merci gentille naly et Timouss de tout ces compliments,j\’en suis devenue tellement rouge que cela n\’a pas arrangé mon aspect extérieur…..non je rigole.En tout cas je vous envoie plein de bisous d\’amitié

  6. Peuple voyageur dit :

    Un texte très beau et très juste en effet. Bravo Mamie-Gateau.
    Et belle exploitation de ce texte de ta part Béa.
    Alors, ils vont s\’en sortir ces deux-là entre vaches et abeilles ?
    Wapiti

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